Tribune libre: Construire les villes à la campagne?

10 Oct 2022 | Nouvelles

«On devrait construire les villes à la campagne. L’air y est tellement plus pur» plaisantait Henri Monnier* au 19ème siècle. Aujourd’hui, les gélatineux du cervelet de l’écologie politique ont pris Henri Monnier au sérieux et dès qu’on leur offre une parcelle, même infime, de pouvoir, ils appliquent cette baliverne à la lettre. C’est dire si ces hurluberlus ont quitté depuis longtemps le champ du rationnel pour se retrouver en suspension dans un monde monochrome vert pomme qui n’existe pas. Qui est né en ville sait que cela implique un certain nombre de contingences qu’on ne peut pas éviter au risque de complètement désorganiser un mode de fonctionnement qui a mis des siècles à se forger.

Pour faire bref, ceux qui veulent un mode de vie champêtre et rural doivent faire le choix de quitter la ville et d’aller vivre à la campagne. C’est un choix parfaitement respectable et parfaitement compréhensible. Des milliers de personnes, de ménages, font ce choix chaque année sans pour autant vouloir imposer leur vision du monde à leurs contemporains qui font le choix de rester vivre en ville malgré les inconvénients que cela représente.

Les protofascistes de l’écologie politique font un autre choix, celui d’imposer par la force leur vision abstraite et utopique de la vie en ville. Oui, ils veulent que la ville devienne la campagne, et gare à celles et ceux qui ne partageraient pas leur délire. Le bon mot d’Henri Monnier à fait sourire des générations de citadins. Il y a encore vingt ou trente ans, quiconque aurait prédit la folie furieuse de «GoodMove», les 30 à l’heure et autres couillonnades fumeuses se serait vu prescrire un bon calmant. Aujourd’hui, la folie s’est répandue dans tous les partis politiques de gauche et du centre, dans les médias, au sein du secteur culturel et du monde académique. Désormais, quiconque ose dire ou écrire que la ville est le centre nerveux de l’activité économique d’un pays et que par conséquent il faut pouvoir y circuler sans entraves, le plus rapidement possible, d’un point A à un point B, est considéré comme un mécréant par la religion (secte?) écologiste et ses convertis de fraîche date, ou comme une ordure conservatrice rétrograde qu’il convient d’éradiquer au plus vite.

Bien sûr, les personnes de bon sens ont fait le bilan du positif et du négatif de la vie dans une ville aux mains de fous furieux. Le résultat est connu: un exode massif, notamment des classes moyennes vers des cieux plus cléments en Flandre, en Wallonie et à l’étranger. Notons bien sûr que les agitations psychotiques en matière de mobilité de nos écologistes politiques n’expliquent pas seules l’exode des Bruxellois, on peut citer sans hésiter l’insécurité, la saleté, la fiscalité, l’immigration illégale et, en général, un excès de diversité qui finit par lasser.

Il n’aura échappé à personne que ces calembredaines ont un coût et que les caisses bruxelloises sont vides. Si la classe moyenne, excellente contribuable, quitte massivement Bruxelles et qu’elle est remplacée par des expats qui ne paient pas d’impôts et des nouveau-nés allochtones voués dans un futur proche aux affres d’une recherche d’emploi ardue, nous pouvons prédire l’effondrement de la Région bruxelloise. Qui va payer? Les Wallons? Avec quoi? L’Europe? Qui peut y croire? Les Flamands comme aujourd’hui? Il est probable qu’ils finissent par se décourager. Alors qui? Voilà la question qu’il faut poser aux gens de gauche.

 

*Henry Bonaventure Monnier, né le 7 juin 1799 à Paris et mort à Paris 1er le 3 janvier 1872, est un caricaturiste, illustrateur, dramaturge et acteur français.

 

Patrick Sessler

Bruxellois, contribuable, automobiliste