Prix du stationnement: la martingale fiscale en 2022
Le citron est pressé de tous les côtés: la ville de Bruxelles qui facture dix euros de l’heure pour le stationnement pendant le marché de Noël, Molenbeek-Saint-Jean qui rend le stationnement payant jusqu’à 21 heures pour les visiteurs ou encore la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen) qui exige 500 euros pour une troisième carte de résident, etc, etc, etc… Ces derniers mois ont été caractérisés par une surenchère d’initiatives et d’annonces pour renforcer à nouveau la politique de harcèlement à l’encontre des automobilistes. Seulement cette fois-ci le timing est vraiment très mal choisi.
Les citoyens doivent faire face à une crise après l’autre et le point de saturation sera bientôt atteint. En plus de la crise sanitaire, les Bruxellois doivent faire face à une série de problèmes structurels contre lesquels il est particulièrement désarmé: l’explosion des prix de l’énergie, le prix des loyers devenus insupportables, une insécurité généralisée et un délabrement inquiétant de la ville. A cela s’ajoute une cascade de faillites dans tous les secteurs, des CPAS qui ne savent plus suivre la croissance dramatique de la pauvreté, un déficit budgétaire abyssal et le prix des carburants qui atteignent des sommets. Bref, cela ne va pas du tout à Bruxelles. Cerise sur ce mauvais gâteau, en 2022, il y aura une augmentation supplémentaire des tarifs de stationnement et l’interdiction d’environ 10.000 voitures dans la zone à faibles émissions (LEZ) et enfin, de nouveaux plans de circulation qui se traduiront par des places de stationnement supprimées et des embouteillages à n’en plus finir.
A mi-parcours de la législature, les trois ministres verts bruxellois sont quant à eux très satisfaits du «travail» accompli. Cela semble ironique, mais Elke Van den Brandt (Groen), Alain Maron (Ecolo) et Barbara Trachte (Ecolo) soulignent en chœur que «Bruxelles devient chaque jour une ville plus agréable à vivre, plus durable et plus tournée vers l’avenir». Ne soyons pas étroit d’esprit, des initiatives positives sont à noter, mais lorsqu’il s’agit de les mettre en pratique, le constat est toujours le même. Il s’agit d’initiatives portées par une vision dogmatique et radicale de l’écologie politique. Le résultat est que les citoyens ont souvent l’impression qu’on met la charrette avant les bœufs. La politique de stationnement et la vision de la mobilité qui l’accompagne en sont un bon exemple.
Malgré la crise sanitaire et la conjoncture économique défavorable qui en est le corollaire, la ministre de la Mobilité défend bec et ongles sa volonté d’augmenter les tarifs de stationnement. Dans les autres capitales européennes, les tarifs de stationnement seraient sensiblement plus élevés qu’à Bruxelles, c’est pourquoi, selon elle, ils devraient également augmenter à Bruxelles. Mais Bruxelles n’est pas Copenhague, Genève ou Paris. La situation y est très différente: un pouvoir d’achat plus élevé, une mentalité différente ou une infrastructure de métro et de vélo plus étendue. Dans la presse, Madame Van den Brandt soulève aussi régulièrement l’argument selon lequel une majorité de Bruxellois ne possèdent pas de voiture. A l’inverse, on peut dire que 47% des Bruxellois possèdent une voiture, dont 24% appartiennent au groupe le plus pauvre. Le problème n’est pas que la ville de demain serait inimaginable avec moins de voitures, mais bien le manque d’alternatives qui devraient aider à cette évolution. Le résultat est que nous vivons chaque jour un chaos absolu.
D’une part ils font tout pour chasser les automobilistes hors de la ville par des tarifs de stationnement élevés, des taxes kilométriques et une zone à faibles émissions, mais d’autre part, ils ne sont guère en mesure de proposer des alternatives structurelles. Chaque jour 190.000 navetteurs entrent dans la capitale, mais la Région ne dispose que de 2.727 places de stationnement dans les parkings périphériques, alors qu’il aurait dû y en avoir 10.000 en… 2010. Le gouvernement bruxellois veut éloigner les voitures polluantes de la ville, mais il n’existe qu’un petit millier de bornes de recharge. Les partis écologistes souhaitent dissuader les automobilistes de circuler en ville afin de générer un air sain pour les habitants, mais ils créent eux-mêmes des embouteillages et ralentissent la circulation en raison de leurs plans de circulation bâclés. Vous l’avez compris, les problèmes sont loin d’être résolus. Ils sont même singulièrement aggravés.
La réalité est que Bruxelles vit au-dessus de ses moyens et elle se rend compte peu à peu que les déficits budgétaires à répétition deviendront bientôt très problématiques.
Le gouvernement utilise la transition écologique comme alibi moral pour déguiser une triviale collecte de taxes supplémentaires. Le déficit budgétaire est le résultat d’un déclin économique sans précédent, lui-même causé par l’exode de la classe moyenne bruxelloise vers le reste de la Flandre et aussi vers la Wallonie. Les Bruxellois quittent leur ville parce que rien n’a changé en vingt ans en termes d’insécurité, de déclin général ou de pression fiscale. Toute tentative d’y remédier est dépeinte comme antisociale ou discriminatoire. Ceux qui n’apportent rien à la société sont davantage aidés tandis que ceux qui travaillent sont toujours davantage pressés comme des citrons. Bref, la ville a perdu tout son attrait et s’enfonce de plus en plus dans la décrépitude et la déréliction.
Arrivé à la moitié de la législature, ce gouvernement a une fois de plus prouvé qu’une rupture avec cette tendance mortifère n’est pas à l’ordre du jour. La question de l’augmentation des tarifs de stationnement en est la parfaite illustration. Avec des tarifs de stationnement plus élevés on espère alimenter la caisse de la Région. Tous les moyens semblent bons pour soutirer l’argent des contribuables: scanner des véhicules, multiplication des radars, caméras ANPR, contrôles de police, etc. Cet argent doit servir à combler les trous gigantesques que la gestion socialiste génère exercice fiscal après exercice fiscal. Pendant ce temps-là, les problèmes structurels continuent tout simplement d’exister, de se développer et d’être niés. Dans certains quartiers, la police ne peut plus patrouiller sans se faire caillasser, les seniors ne peuvent plus se débrouiller avec leur retraite mensuelle, les commerces font faillite car les clients ne veulent plus se rendre en ville. Mais rassurez-vous: il y a plus d’espaces verts, plus de pistes cyclables et moins de voitures. La situation est surréaliste, alors que la Région est à l’agonie, les partis au pouvoir Ecolo et Groen sont très satisfaits de leur «travail» et envisagent l’avenir avec une confiance béate et puérile. On pourrait en sourire si la situation n’était pas aussi grave.