Le basculement religieux du PS bruxellois
Ce n’est plus un secret pour personne depuis longtemps, le PS bruxellois est malade de sa diversité. Il s’agit de la difficulté croissante de faire vivre ensemble des élus arabo-musulmans, de plus en plus présents au sein et à la tête du PS bruxellois, des élus turco-musulmans et des élus de souche très majoritairement attachés aux valeurs de la laïcité. Au-delà des luttes à mort entre «camarades socialistes» pour s’accaparer les mandats les plus rémunérateurs, c’est en réalité une fracture civilisationnelle qui sépare aujourd’hui les socialistes bruxellois occidentaux et les socialistes bruxellois orientaux.
Depuis longtemps certaines personnalités socialistes dénoncent des dérives antisémites au sein de leur famille politique, un antisémitisme qui est régulièrement débusqué au sein des socialistes de confession musulmane. Il y a aussi, bien sûr, l’islamo-socialisme sur lequel la famille Moureaux a une sorte de patente à Molenbeek-Saint-Jean, souvenons-nous aussi des débats houleux sur le port de signes conventionnels à la STIB où la branche islamo-conservatrice du PS avait imposé son point de vue et nous avons encore tous en mémoire l’abjection du vote socialiste, avec Ecolo, contre l’abattage avec étourdissement en ce qui concerne les abattages rituels.
On voit bien que «l’islamisation» de notre société, avec le PS bruxellois, est tout sauf un mythe.
Lors des débats sur cet abattage sans étourdissement, un député bruxellois du PS s’était particulièrement distingué par sa défense intransigeante de la laïcité et du bien-être animal, à l’instar du Vlaams Belang. Il s’agissait de Julien Uyttendaele, le fils de Marc Uyttendaele, le mari de Laurette Onkelinx. Il faut saluer son courage parce que ses petits camarades islamo-socialistes ont très mal pris ce crime de lèse islamisme et le voilà aujourd’hui «marginalisé» dans un PS bruxellois désormais voué corps et âme au conservatisme religieux musulman.
Cette «marginalisation» n’est pas du tout du goût du papa, qui est également un avocat réputé, un constitutionnaliste distingué et une personnalité très demandée par les médias francophones. Celui-ci n’a pas hésité à déballer récemment, dans la Dernière Heure, la situation délétère au sein du PS bruxellois. Il y évoque le «basculement» d’un PS respectueux des principes de la laïcité vers un PS de plus en plus aux mains des «religieux». Marc Uyttendaele considère que ce basculement doit être observé sous deux angles: «L’un est typiquement bruxellois. Les laïcs au PS bruxellois sont aux abonnés absents. Je dirais même pire: ils encouragent le communautarisme. Ils ont décidé que ce n’était pas un combat qui devait être mené. Probablement que, dans leurs tripes, leurs viscères, ils sont toujours laïcs. Mais jamais ils ne l’exprimeront. Parce qu’il y a une logique électorale, pour ne pas dire clientéliste, qui fait qu’il a été décidé pour ce parti de prospecter les quartiers – qui est un mot que je n’ai pas envie d’entendre – et donc de frotter une communauté dans le sens du poil. Alors que cette communauté n’a peut-être pas envie d’être frottée dans ce sens du poil. Car toute communauté est composite».
Nous ne pouvons que saluer Marc Uyttendaele pour cette belle franchise, mais il n’en reste pas là. Il précise sa pensée et dit clairement qui mène le jeu du conservatisme musulman au sein du PS bruxellois: «Le fossoyeur de la laïcité a un nom: il s’appelle Ahmed Laaouej (président du PS bruxellois). Mais je crois qu’au-delà de ça, le pire, ce n’est pas Laaouej ou Ridouane Chahid, qui juge utile de se mettre en scène sur les réseaux sociaux dans des comportements religieux. Ce sont les muets, ce sont les silencieux, ce sont ceux qui, au moment du vote sur l’abattage avec étourdissement, se sont alignés derrière les religieux et ceux qui draguent les religieux. Le vrai problème est là. Il faut avoir le courage d’appeler un chat un chat».
En grand forme, le constitutionnaliste tire également à bout portant sur Défi: «Défi a été particulièrement navrant. J’avais un profond respect pour Olivier Maingain dans ce débat. Il a déposé une proposition très intéressante sur l’inscription de la laïcité dans la Constitution. Mais au moment du débat sur l’abattage, il a dit ne pas vouloir mélanger les voix de son parti avec celles de la N-VA et du Vlaams Belang. Cela veut dire que, si le Vlaams Belang et la N-VA votent contre la peine de mort, Olivier Maingain votera pour».
Si le sujet n’était si grave, car enfin il s’agit bien de l’islamisation de la ville où nous vivons, nous pourrions trouver tout cela bien croquignolet. De cette façon-là, il ne faut pas être devin pour savoir qu’il n’y aura bientôt plus de place pour la laïcité au sein du Parti socialiste bruxellois et que derrière cette logique d’épuration «philosophique» il y a aussi une épuration ethnique qui se profile. Si Paul Magnette ne remet pas rapidement de l’ordre dans cette pétaudière islamo-socialiste il perdra complètement le contrôle de son parti à Bruxelles et demain à Verviers, etc…
La situation actuelle au sein du PS de la capitale n’annonce-t-elle pas une scission possible entre les religieux et les laïcs et à terme des listes concurrentes lors de prochaines élections à moyen terme? Ce n’est pas impossible. Les arbitres de cette lutte d’influence seront les turco-musulmans. La dramatique leçon de cette évolution au sein du PS est qu’elle reflète en réalité l’évolution de notre société tout entière et plus particulièrement dans les grandes villes.
S’il fallait démontrer que le grand remplacement est une réalité, avec le PS bruxellois c’est chose faite.
Patrick Sessler
Ancien député bruxellois