Interview de Louis Alliot le maire de Perpignan (RN)

08 Déc 2021 | Nouvelles

Conseiller régional de Midi-Pyrénées de 1998 à 2010 puis du Languedoc-Roussillon jusqu’en 2015, il est élu au Parlement européen en 2014 et à l’Assemblée nationale, pour la deuxième circonscription des Pyrénées-Orientales, en 2017. En 2020, tête de liste pour la quatrième fois consécutive aux élections municipales à Perpignan (120.000 habitants), il remporte le scrutin face au maire de droite sortant. Perpignan est une ville dont le nombre d’habitants est comparable à une commune bruxelloise comme Schaerbeek (133.000 habitants), c’est dire si le témoignage et les conseils de ce maire Rassemblement National est précieux.

 

Quelles sont vos priorités pour améliorer la vie de vos administrés et en quoi votre politique diffère-t-elle de celle de vos prédécesseurs?

Nous avons surtout une situation d’insalubrité, de propreté, donc la priorité a été de réorganiser à la fois la police municipale et les services de proximité pour répondre aux problèmes avec le plus d’efficacité possible.

Concernant la police, nous avons créé des postes de police dans tous les quartiers importants. On a refait de l’ilotage, c’est-à-dire qu’on a remis des policiers dans la rue, tout simplement.

En matière de propreté, on a réorganisé et on a surtout fait une campagne de communication avertissant que demain les personnes indélicates seront verbalisées.

Il est incroyable qu’au 21ème siècle, un certain nombre de personnes jettent encore tout un tas de déchets dans les rues sans se préoccuper de l’impact sur l’environnement et sans aucun respect humain pour ceux qui doivent les ramasser, ne serait-ce que cela.

Voilà les premières actions menées et c’est vrai qu’avec la crise sanitaire ça n’a pas été évident du tout, mais on commence à voir les premiers résultats sur la ville de Perpignan, qui est une ville assez étendue, il faut le dire.

Les grands principes et les programmes politiques ne doivent-ils pas être ajustés une fois confrontés à la réalité du terrain?

Ils le sont obligatoirement puisqu’un maire n’a pas toutes les prérogatives. Par exemple sur la police il ne peut pas tout faire. Donc il est obligé de s’adapter à la loi et à la situation. Il faut sans cesse rechercher la meilleure efficacité possible des moyens disponibles. Dans ces conditions, on n’applique effectivement qu’une partie de ce qu’on aimerait bien appliquer, mais on ne peut pas en réaliser la totalité et c’est bien là le problème.

Je ne connais pas très bien le système Belge, mais notre police municipale est obligée d’appeler la police nationale quand elle arrête quelqu’un pour qu’elle intervienne ou vienne arrêter le délinquant. C’est un système assez particulier et, évidemment, ça gêne beaucoup dans la gestion de l’insécurité quotidienne.

En matière de sécurité et de propreté publique la prévention ne suffit pas, comment restaurer l’ordre et la loi sans heurts?

Vous savez, c’est la pédagogie et la pédagogie c’est l’art de la répétition.

Il y a la campagne de communication, en disant ce qui est autorisé mais aussi que si vous ne respectez pas ces règles-là, vous serez verbalisé. Vous serez verbalisé parce que vous n’avez pas le droit de vendre des substances illicites ou que vous n’avez pas le droit de mettre des dépôts sauvages dans les rues, etc…

A force, ça rentre dans les esprits des gens et on peut obtenir des résultats même dans des quartiers très difficiles.

Vous savez, je pense que la verbalisation et la présence policière ont un effet bénéfique et même malgré les irréductibles, que nous traitons aussi par un harcèlement tellement systématique qu’ils finissent par plier. On arrive comme ça à écarter les dealers et les trafiquants de drogues d’un certain nombre de rues. Mais c’est vraiment un travail de tous les jours et je dirais même de jour et de nuit, de nuit surtout.

Le Rassemblement National défend le principe de «Préférence nationale». Comment appliquez-vous ce principe dans les faits à Perpignan?

La préférence nationale, c’est tout simplement la gestion de celles et ceux qui ont la carte d’identité française, dans leur diversité, donc en France elle est aujourd’hui illégale. Il faut quand même le savoir. Donc le maire ne peut évidemment pas appliquer la préférence nationale. A cet égard, c’est une politique gouvernementale qu’il faudrait, c’est pour cela qu’il faut gagner les élections nationales au plus haut échelon, pour remettre ce principe, qui a existé avant 1981 en France, au goût du jour. Il faut favoriser aussi l’intégration de ceux qui sont Français aujourd’hui mais qui malheureusement ne veulent pas respecter la législation française. Ils sont de plus en plus nombreux dans le cas malheureusement.

Je le dis honnêtement, par rapport à Bruxelles, je l’ai vu quand j’étais député européen, les choses à Perpignan sont relativement sereines.

Beaucoup de gens issus de l’immigration font les efforts nécessaires et respectent la loi et c’est toujours une minorité activiste qui cherche à s’émanciper du cadre républicain. Mais les pouvoirs publics, donc l’Etat, sont justement chargés de faire respecter cet ordre républicain. C’est difficile, et c’est même de plus en plus difficile.

De plus en plus de migrants arrivent à Perpignan, comme à Bruxelles. Ils s’ajoutent à l’immigration déjà présente. Quelle est votre stratégie pour faire vivre en harmonie des populations d’origines très diverses?

Le problème est que les migrants qui arrivent ne sont pas de la compétence du maire. Ils sont de la compétence du Conseil départemental, qui accueille notamment les jeunes. Et de la compétence de l’Etat évidemment.

Nous voyons arriver ici tous les jours de plus en plus de jeunes qui évidemment, sans travail et sans logements, occupent des rues et occupent des squats, il faut aussi le dire.

Nous alertons sans cesse la population sur les risques d’affrontement entre les populations qui vivent déjà ici et des populations qui arrivent ici sans cesse, tous les jours.

Sans contrôle, et même quand ils sont contrôlés, même quand ils sont arrêtés, ils ne sont pas expulsés. Ce qui paraît être, évidemment, quelque chose d’incroyable. Et c’est d’autant plus incroyable à Perpignan, qu’une majorité d’entre eux vient notamment du Maroc et de l’Algérie, c’est-à-dire de deux pays qui ne sont pas en guerre. Nous devons avoir un discours ferme avec ces pays pour qu’ils rapatrient au plus vite leurs ressortissants qui n’ont rien à faire chez nous.

C’est tout le problème de la diplomatie française et européenne qui est incapable de la moindre autorité avec ces pays qui en profitent.

On voit aujourd’hui le problème de la Biélorussie avec la Pologne.

Mais vous savez, ces pays-là, je pense en particulier à l’Algérie, laissent assez facilement émigrer leur jeunesse en Europe, notamment en France, sachant très bien les conditions inhumaines dans lesquelles ils vont se retrouver et les conséquences que cela va avoir ici dans nos quartiers et dans toutes les villes de France.

Votre expérience comme maire d’une ville importante est très précieuse pour tous les partis qui en Europe ont vocation à gouverner. Quel message et quels conseils voulez-vous leur transmettre?

Il faut être sur le terrain et il ne faut pas hésiter à parler avec tout le monde, mais en étant ferme sur ses principes, tout simplement.

Il faut vraiment dialoguer avec tous les milieux.

Il y a des gens dont on pense qu’on ne va pas pouvoir dialoguer avec eux et finalement on s’aperçoit que c’est en discutant, en parlant et en donnant notre point de vue qu’on arrive aussi à convaincre.

Moi je dis à tous mes interlocuteurs, que ce soit en France ou à mes amis européens que c’est surtout sur le terrain que ça se gagne.

Il faut être dans tous les milieux: la culture, le sport, l’humanitaire, le caritatif, il ne faut pas faire de différence.

Si on veut gouverner une ville, il faut s’adresser à tous ses habitants et se dire que c’est petit à petit qu’on fait évaluer les choses pour le bien-être de l’ensemble de la population et pour le respect des valeurs qui fondent notre pays et, en ce qui nous concerne aussi l’Europe et la civilisation européenne.

Parfois c’est difficile, parfois on a quelques désillusions, mais je pense surtout qu’il ne faut pas abandonner et il faut maintenir la flamme de l’espérance et continuer à porter ces messages d’espoir parce qu’on finira bien, je pense, par arriver à imposer notre point de vue.

Merci Monsieur Alliot pour votre précieux témoignage.