Good Move… Good chaos?
Ce 16 août, en pleine période des vacances d’été, la ville de Bruxelles mettra en place un certain nombre de mesures d’envergure qui s’inscrivent dans le cadre du Plan régional de mobilité «Good Move». Il s’agit d’une approche à grande échelle de la mobilité dans le Pentagone, avec pour objectif de créer un centre-ville sans voitures. Cependant, tous les Bruxellois ne semblent pas être conscients des conséquences d’un changement d’une telle ampleur. Garder le trafic de transit hors du centre, c’est un peu comme balayer la poussière sous le tapis… on ne la voit plus, mais elle est bien là!
L’idée principale de Good Move est de réduire drastiquement le trafic automobile dans les quartiers en interdisant la circulation de transit. Le moyen le plus important pour cela est la mise en place de plans de circulation qui doivent faire en sorte qu’il est désormais inutile d’entrer dans les quartiers par la mise en place de boucles, de coupes et de rues à sens unique. Il est tout à fait logique que les habitants de ces quartiers accueillent ces plans à bras ouverts: qui aime une circulation incessante, les nuisances sonores ou les gaz d’échappement devant sa fenêtre? Mais les ennuis commencent lorsque ce raisonnement est partagé par tous les habitants de la ville. Alors, la juxtaposition des intérêts locaux, quartier après quartier finit par se développer au détriment de la mobilité générale, et vous obtenez finalement le chaos tel qu’il existe actuellement.
Le cas « Trône »
Le cas «Trône-Rue de la Loi» Illustre cela parfaitement. Début mai de cette année, les travaux de rénovation du tunnel «Trône» ont commencé. Deux des trois bandes du tunnel ont été fermées, avec comme conséquence de longues files et un trafic presque à l’arrêt. Suite à cet infarctus de la circulation, Bruxelles Mobilité a exhorté les usagers à éviter autant que possible la petite ceinture. Les tunnels bruxellois ont été en grande partie construits dans les années 60 et 70, il est donc tout à fait logique qu’ils soient tous rénovés plus ou moins au même moment. Il faut par conséquent se faire à l’idée que des scenarii comme celui du tunnel Trône se répéteront dans les années à venir. Le problème est qu’en même temps, toutes les issues alternatives sur la petite ceinture seront fermées, comme la coupure dans la rue Royale (entre la rue de la Loi et la rue de Louvain). En d’autres termes, les gens sont priés d’éviter certaines routes principales en raison des travaux de rénovation des tunnels notamment, mais en même temps, avec les plans de circulation, les gens sont bien obligés de les utiliser parce qu’il n’y a pas d’alternatives. On va donc ajouter de la saturation à la saturation. Question de goulots d’étranglement artificiels, il est difficile de faire pire!
Une ville ne se construit pas en une législature
Le Vlaams Belang opte pour une mobilité urbaine moderne, où différents modes de transport coexistent et se complètent. La politique de mobilité rouge/verte actuelle utilise un modèle qui génère des conflits, un modèle où les gens sont dressés les uns contre les autres. Comme citoyens nous nous sentons impuissants face à des décisions absurdes que personne ne comprend parce qu’elles échappent à la logique la plus élémentaire et au sens commun.
Il convient de coordonner la planification des travaux et de proposer des alternatives viables, et non de les supprimer. C’est aujourd’hui le problème du déploiement du Good Move, et a fortiori de la vision de la mobilité verte en général. Prenons le cas de la zone piétonne du boulevard Anspach, autrefois le cœur battant de Bruxelles avec diverses curiosités, boutiques ou établissements de restauration mythiques. Après des années de travaux, l’offre des commerces s’est considérablement dégradée. Il y règne une atmosphère d’insécurité et d’insalubrité, surtout la nuit.
Au lieu de tirer les leçons qui s’imposent, les mesures prises dans le cadre du plan régional Good Move vont encore plus loin dans l’absurde en bloquant encore plus la circulation, ce qui menace d’aggraver considérablement la situation, bien entendu.
Si la ville et les habitudes de mobilité doivent être adaptées aux besoins modernes, cela doit être fait de manière réfléchie. Il est nécessaire de proposer des alternatives et d’accompagner les citoyens dans le changement. L’actuel modus operandi mène à la catastrophe parce que les travaux, les plans de circulation et autres mesures de harcèlement à l’égard des automobilistes sont mis en œuvre sans réelle coordination et sans vision d’ensemble. Après, nos élites rouges-vertes s’étonneront du fait que Bruxelles est devenue inhabitable en raison d’une mobilité étranglée et paralysée et ils dénonceront cette situation kafkaïenne qu’ils ont en réalité créée eux-même.
Pas de réel changement
Dans la ville de demain, l’automobile sera moins présente et la mobilité sera plus partagée, c’est une certitude. Les pressions démographiques continuent d’augmenter alors que la capacité d’absorption de nos infrastructures évolue peu. Si l’on veut réduire l’utilisation de la voiture, alors de vrais changements doivent avoir lieu, et ils ne sont pas au rendez-vous. Le gouvernement actuel se contredit constamment. Il y a une réticence au sein de la majorité à achever le métro 3 et son financement est également incertain. Le projet d’automatisation du métro est sur la table depuis quinze ans sans aucune avancée. Pratiquement aucune ligne de tramways ou de bus n’a été ajoutée et la vitesse commerciale s’est à peine améliorée. Les fameux parkings périphériques qui devaient être l’une des alternatives pour éviter le trafic des navetteurs n’existent tout simplement pas. L’infrastructure cyclable est constituée de blocs de béton et de pots de peinture. Le Réseau express régional (RER) devait être prêt en 2012, mais il n’est même pas certain qu’il soit un jour achevé. Et ainsi nous pouvons continuer pendant un certain temps à égrener les échecs, les rendez-vous manqués, l’indécision chronique et le manque de vision des gouvernements bruxellois successifs.
Qu’est-ce que la coalition rouge/verte a finalement réalisé?
La réponse à cela varie selon le mode de transport considéré, mais on peut la résumer en invoquant un chaos organisé qui cible principalement l’automobiliste. Par exemple, il y a les pistes cyclables corona «temporaires» qui créent des embouteillages artificiels et qui mettent en danger les cyclistes qui les empruntent.
Autre exemple, la fameuse zone à faibles émissions qui isole davantage les familles socialement vulnérables en rendant leur véhicule inutilisable alors qu’ils n’ont pas les moyens d’en acheter un neuf. Il y a les tarifs de stationnement qui sont augmentés alors que des milliers de places de stationnement sont supprimées chaque année. La réforme des taxis qui rend la vie difficile aux nouvelles plateformes de taxis alors qu’elles devraient contribuer à un meilleur service à la clientèle. Il y a les plans de circulation qui font faire des détours sur des kilomètres et provoquent des circulations à l’arrêt alors qu’ils prétendent vouloir améliorer la qualité de l’air… Et ainsi de suite… Toutes des mesures qui sont prises séparément et qui aboutissent au chaos car il y a un manque total de concertation et de coordination.
Avec la nouvelle phase du plan Good Move, Bruxelles sera encore un peu plus invivable et quiconque a la possibilité de quitter Bruxelles le fera. Les autres n’auront qu’à se mordre les doigts jusqu’en 2024, moment des élections où la facture sera présentée aux démolisseurs qui nous gouvernent!