Et soudain, tout le monde comprend que les frontières sauvent des vies

22 Oct 2020 | Editoriaux

Par Tom Van Grieken, Président du Vlaams Belang

 

Combien de temps n’avons-nous pas dû entendre les mêmes litanies: «il est impossible de protéger les frontières», «l’immigration arrivera toujours à s’insinuer», «la frontière est un concept du 19ème siècle». Aujourd’hui, la chanson est différente. Alors que début mars on critiquait encore la Hongrie en l’accusant d’instrumentaliser la crise du coronavirus pour justifier la fermeture de ses frontières, force est de constater qu’à un moment donné, quasi tous les pays de l’Union européenne ont suivi son exemple, y compris la Belgique. Ce sont des crises comme celles que nous subissons qui font exploser les baudruches de la gauche libérales cosmopolites et qui démontrent que les vieilles recettes politiques sont toujours les mieux adaptées aux défis du moment. Des recettes qui impliquent les Etats-nations et l’existence de frontières. Sans aucun doute parce que les frontières rassurent et protègent dans une période faite d’incertitudes et de dangers.

La revalorisation des frontières tangibles

«Une excuse toute trouvée pour fermer les frontières» jugeait De Standaard le 4 mars au sujet de la précaution prise par la Hongrie de sécuriser physiquement ses frontières. Le journal ajoutait: «Une mesure qui rapporte sans doute des suffrages, mais qui en réalité donne un faux sentiment de sécurité». Deux jours plus tôt, le Vlaams Belang appelait à ce qu’on n’accepte plus l’entrée sur notre territoire les étrangers venant de Chine et à ce qu’on screen les voyageurs venant de pays à risques comme l’Italie. Cette proposition avait été accueillie plus que froidement. Pas plus de trois semaines plus tard on fermait notre frontière avec les Pays-Bas à l’aide de barrières et de containers.

Rappelons-nous ce que nous avons pu observer dans la presse en avril. L’agence de presse Belga titrait: «Un Belge soupçonné de terrorisme arrêté lors d’un contrôle lié à la lutte contre le coronavirus». Il s’agissait d’un individu qui était signalé depuis 2008. Il aura suffi d’une semaine de contrôles aux frontières pour que ce djihadiste Marocain se fasse épingler. Il y a quelques années il était de coutume d’affirmer que la fermeture des frontières était «exactement ce que les terroristes souhaitent». Depuis lors les faits démontrent le contraire.

Les frontières forment une barrière effective contre la criminalité internationale, le terrorisme et, comme nous le constatons aujourd’hui, la propagation de maladies mortelles. Il est évident que la situation d’urgence que nous avons connue et que nous connaîtrons peut-être encore, n’est pas tenable à long terme. D’ailleurs ce n’est pas souhaitable. Il est même une bonne chose qu’en temps normaux les Européens puissent voyager sans visas, mais ce n’est pas du tout contradictoire avec une sécurisation des frontières, bien au contraire. En fait, c’est un développement beaucoup plus logique des accords au sein de l’UE que l’ouverture des frontières, surtout si les frontières extérieures de l’UE sont mal sécurisées comme c’est le cas. La réalité est que le traité de Schengen ne nous permet plus de déterminer qui entre physiquement chez nous ou pas. Cela reste cependant important dans des situations de crise comme celle-ci, surtout s’il n’y a pas des Grecs courageux pour protéger les frontières extérieures de l’Europe comme c’est le cas aujourd’hui.

Il y a des frontières à la globalisation

A côté des frontières tangibles et leur contrôle, nous devons également protéger et revaloriser nos frontières politiques. Notre souveraineté sur notre propre pays est précieuse. Tout ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’église du libre-marché sous la férule des papes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces dernières années, nous n’avons pas seulement sacrifié notre liberté et notre souveraineté, mais aussi notre industrie manufacturière. Et qu’avons-nous reçu en échange? Des vêtements, des drones, des Gsm et autres produits de consommation bon marché afin de pouvoir acheter encore plus de chose à bon marché, etc, etc, etc… Comme travailleur sous-qualifié vous ne trouvez pas de job dans notre économie tertiaire? Pas de problème, vous aurez recours au crédit à la consommation. Magnifique n’est-ce pas?

Jusqu’il y a peu, seuls quelques-uns avaient vu les dommages économiques de la mondialisation. Il faut rendre hommage ici au professeur Jonathan Holslag qui avait justement critiqué ce système délétère. Mais il ne pouvait être question de mettre des bâtons dans les roues de l’expansion économique chinoise, au risque de se voir accusé d’hérésie à la religion du libre-échange. Ces tabous ont permis à la Chine de continuer à déverser en masse leurs produits à prix cassés sur nos marchés sans être entravée par trop de lois de protection environnementale, de protection sociale, de droits humains et de protection animale. Notre industrie manufacturière s’est en grande partie délocalisée ou a fait faillite. Le fait que la Chine ait manipulé et manipule toujours de nombreuses règles du jeu économique, par exemple par le biais de subventions à l’exportation cachées telles que la livraison gratuite ou la manipulation de sa propre monnaie, ne devait pas soulever beaucoup d’objections, tant que des produits à bon marché étaient disponibles en masse.

 

Naturellement, un des produits qui n’étaient plus rentables de fabriquer chez nous, était les masques médicaux. Le problème est que lorsque tout le monde a besoin d’une très grande quantité de ces produits vitaux en même temps, vous êtes entièrement livré à la logique du «libre marché». En clair, vous ne disposez plus d’une production propre à laquelle vous pouvez faire appel en cas de nécessité. Comme l’exprimait le sociologue Mark Elchardus dans De Morgen: «Les capitaux, les biens, les gens et les virus se déplacent vites et à flot continu sur la planète, mais quand vous avez un besoin urgent d’un produit comme des masques médicaux ou des kits de tests, il n’y a plus rien».

Nous avons donc récemment pu voir les dommages humains causés par la mondialisation et par la véritable vénération que l’église du libre-échange porte à la Chine. Le manque de lois de protection du travail et de protection de l’environnement s’est prolongé sous la forme d’un manque dramatique d’hygiène alimentaire et se ponctue par un tour de passe-passe monétaire. Les Chinois veulent dorer la pilule des informations tronquées à destination de sa propre population (en poursuivant les donneurs d’alerte et en dissimulant la vérité) et occulter les subventions à l’exportation grâce à une offensive de charme d’un cynisme absolu, comme l’arrivée tonitruante des avions chinois chargés de masques médicaux et de matériels divers dans certains pays d’Europe notamment. Cette aumône médicale a été décrite par d’aucun comme «la diplomatie des masques». Il est donc plus que temps de réévaluer notre niveau de dépendance par rapport à cette désastreuse hyperglobalisation et donc à son incarnation incontournable qu’est la Chine. Il faut impérativement remettre en cause le principe de «l’efficience de la pensée libérale», qui veut que l’optimalisation des coûts doit primer en tout, y compris en ce qui concerne les missions de l’Etat. Tous les hôpitaux ne doivent pas fermer parce que quelques consultants économiques le suggèrent et les réserves stratégiques de masques médicaux ne doivent pas être détruites sans être remplacés dans une logique de restrictions budgétaires ou pour faire de la place pour encore plus de demandeurs d’asile, comme ce fut le cas.

Une fois venu le temps de l’après-coronavirus, nous devrons prendre le chemin d’un retour de notre souveraineté et de l’autosuffisance en lieu et place de l’actuelle politique des frontières ouvertes et du mondialisme. Un chemin où ce n’est pas un libéralisme caduc qui nous guide, mais le nationalisme libérateur.