Entretien avec Tom Van Grieken, Président du Vlaams Belang

03 Sep 2021 | Nouvelles

Bruxelles Demain: L’extraordinaire réussite de votre présidence est bien connue. Au départ on vous appelait «l’enfant soldat» et maintenant vous dirigez le parti le plus important du pays dans tous les sondages. Quel regard portez-vous sur cette période?

 

Tom Van Grieken: Tout d’abord de la reconnaissance. Je suis reconnaissant d’avoir reçu à l’époque la confiance des membres de notre parti pour prendre la barre dans une période particulièrement difficile de l’histoire de notre parti. Je suis reconnaissant pour l’engagement collectif durant ces quelques années qui a permis de replacer le Vlaams Belang au centre du paysage politique, avec de haut et des bas, mais toujours avec une détermination farouche. Aujourd’hui, le Vlaams Belang est le plus grand parti de Flandre et du pays. Cela nous donne aussi une grande responsabilité: les gens se tournent vers nous pour que nous tracions les contours d’un avenir meilleur et que nous remettions les choses en ordre. Ce que nous défendons est très clair: pour notre peuple, contre les migrations de masse. Pour nos entreprises et nos travailleurs, contre la mondialisation. Pour une Flandre libérée contre le carcan institutionnel actuel.

 

BD: Nous sommes au début de la nouvelle année parlementaire. Comment jugez-vous l’action du gouvernement l’année passée et Comment évaluez-vous le parcours d’Alexander De Croo?

 

TVG: L’année écoulée a bien sûr été une année spéciale. L’ombre de la crise sanitaire à tout imprégné. Ce que nous savions déjà et qui s’est une fois de plus confirmé, c’est le fait que ce pays ne fonctionne pas. Alexander De Croo est Premier ministre de la Belgique, mais en aucun cas celui de la Flandre. Il est essentiellement occupé à éteindre toutes sortes d’incendies au sein de son gouvernement Vivaldi. A certains moments cruciaux, il est apparu plus préoccupé par l’intendance de son gouvernement patchwork que par l’élaboration de politiques efficaces au service de nos concitoyens. De cette façon, la crise a été à peine gérée, ce qui est inacceptable.

 

BD: Quelles sont les priorités du Vlaams Belang pour l’année parlementaire à venir et sur quelles thémes allez-vous vous concentrer?

 

TVG: Allons droit au but. En raison de la crise sanitaire, nous entendons peu ou pas du tout parler de la migration de masse vers l’Europe, alors que c’est une question essentielle qu’il faut oser aborder sans tabous. Ce silence peut laisser croire que tout danger est écarté, mais il n’en est rien. Des milliers d’individus venus d’Afrique sont arrivés sur la seule île de Lampedusa ces derniers mois. Et ils continuent à venir. Alors que le Royaume-Uni se prépare à supporter le choc en durcissant les règles d’accès à son territoire, ici le silence est assourdissant. Sous la pression de ses propres partenaires de la coalition, le Secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V) est même maintenant victime du chantage de grévistes de la faim. En pliant, il ouvre grand la porte à de nouveaux abus du principe de l’asile. Le Vlaams Belang continuera à s’y opposer.

Outre la question des migrations, notre parti examinera bien entendu également de nombreux autres dossiers. Il apparaît que l’électricité deviendra à brève échéance moitié plus chère et le gaz même jusqu’à trois fois plus cher. Dans un pays où nous payons déjà les impôts les plus élevés au monde, les gens sont confrontés à une facture énergétique exorbitante. C’est sur de tels dossiers que le Vlaams Belang doit être, et rester, la voix de nos concitoyens dans les parlements. C’est notre devoir.

 

BD: Il y a un autre problème majeur que, comme parti de la liberté, le Vlaams Belang ne peut absolument pas éluder, c’est celui de la liberté d’expression qui s’érode en ce moment. Qu’en pensez-vous?

 

TVG: Les grandes multinationales déterminent de plus en plus ce que nous pouvons et ne pouvons pas dire. En particulier les sociétés de médias sociaux, qui jouent aujourd’hui un rôle très important dans notre vie quotidienne. Ils jouent un sale jeu dans ce domaine. Prenez toute l’affaire autour du Père Fouettard, par exemple. Tout à coup, des gens ont été punis par Facebook parce qu’ils avaient mis en ligne une photo d’une fête d’enfants. Parce que selon Facebook, c’est du racisme. Mais est-ce vraiment à Facebook de le déterminer? Je ne le pense pas. Il appartient au législateur de veiller partout au respect de notre liberté d’expression. Ce qui peut être dit librement dans la rue doit aussi pouvoir être dit librement sur les réseaux sociaux. Nous devons déterminer où se situe cette limite et non une multinationale américaine.

 

BD: Ces derniers mois, le Vlaams Belang a organisé de remarquables journées d’étude sur des sujets où on ne nous l’attend pas vraiment, comme l’éducation et la culture. Y a-t-il encore des journées d’études programmées?

 

Nos opposants ne sont que trop heureux de nous accuser d’être un parti «à thème unique». Je dois toujours en rire. Il n’est bien sûr pas étonnant que le Vlaams Belang se démarque surtout sur le thème des migrations: à l’exception de la N-VA, qui à ce sujet bat le chaud et le froid, tous les partis se comportent comme des laquais du lobby des «frontières ouvertes».

Si vous analysez objectivement un programme électoral du Vlaams Belang, vous pouvez voir de vos propres yeux que nous avons une position claire sur tous les sujets de société. Des spécialistes sont réunis dans tous les parlements qui, avec nos parlementaires, déterminent nos positions dans tous les domaines. Contrairement aux autres partis, les médias grand public ne nous permettent que peu, ou pas du tout, d’exposer nos points de vue. Nous avons donc pris nous-mêmes l’initiative d’organiser des journées d’étude autour de ces différents thèmes. Et nous continuerons à le faire, jusqu’aux élections de 2024. Cette année, il y a aussi de nombreuses journées d’étude prévues: sur la Défense, mais aussi, par exemple, sur la situation dans notre capitale Bruxelles. Une chose est sûre: au Vlaams Belang les choses bougent!

 

BD: Vous avez indiqué à plusieurs reprises que 2024 sera une année cruciale. Est-ce toujours le cas, maintenant que le président de la N-VA, Bart De Wever, a annoncé à plusieurs reprises qu’il garderait la porte fermée à une coopération avec le Vlaams Belang?

 

TVG: Bart De Wever souffle souvent le chaud et le froid . «Jamais avec les socialistes», avait-il déclaré à l’époque en tant que bourgmestre d’Anvers. Et regardez aujourd’hui, il dirige Anvers main dans la main avec les socialistes. En tant que président du Vlaams Belang, je représente tous les Vlaams Belangers. Je pense que le président de la N-VA représente tous les membres de la N-VA de la même manière. Et une grande partie de ces membres de la N-VA sont ouverts à une collaboration avec le Vlaams Belang.

En 2024, nous ferons ce que nous avons toujours su faire avec brio, c’est-à-dire faire campagne et convaincre les électeurs qu’une Flandre et une Région Bruxelloise mieux gérées est vraiment possible. C’est ensuite aux Flamands et aux Bruxellois de décider s’ils veulent se joindre à nous dans cette belle aventure du renouveau. Pour ma part je ne fais aucune exclusive. Tout ce que je veux atteindre, c’est d’initier une politique qui donne en toutes choses la priorité à notre peuple. D’une façon ou d’une autre.

 

BD: Avez-vous un message particulier pour nos lecteurs?

 

TVG: Je terminerai par là où j’ai commencé: merci à tous ceux qui ont soutenu notre parti. Merci pour le partage d’un message sur les réseaux sociaux, pour la pose d’une affiche, pour les visites domiciliaires et pour la présence sur nos marchés dans nos villes et nos villages. Tout ce travail contribue de façon déterminante au succès de notre parti. Ensemble, nous faisons du Vlaams Belang un parti formidable en attendant de faire de la Flandre tout entière et de Bruxelles, notre capitale, des endroits formidables où il fait bon vivre, grandir et vieillir.

Et je vais le dire en anglais pour une fois: «you ain’t seen nothing yet» (et vous n’avez encore rien vu). Au cours de l’année à venir, le Vlaams Belang continuera à tout mettre en œuvre pour diffuser notre message d’espoir dans toute la Flandre et à Bruxelles.

 

BD: Merci pour cet entretien Monsieur le Président.