Le Titanic bruxellois continue de couler … seul!

12 Juin 2025 | Nouvelles

Au moment où j’écris ces lignes, il n’existe toujours pas de gouvernement dans la Région de Bruxelles-Capitale, et aucune issue ne semble se dessiner à la situation de blocage politique dans laquelle nous sommes.

La responsabilité est, entre-temps, joyeusement renvoyé d’un côté à l’autre de la table de négociation. Une chose est pourtant certaine: il y a quelques mois, une majorité francophone et néerlandophone composée de Groen, Vooruit, Open VLD et N‑VA s’était pourtant engagée à s’asseoir à la table pour discuter de la formation d’un gouvernement bruxellois.

Comme on le sait maintenant, c’est le Parti socialiste qui a alors tiré la prise et qui, à ce jour, refuse de revenir à la table des négociations tant qu’une majorité néerlandophone n’aura pas été formée selon les critères émis par son bureau politique. Dans la foulée, les socialistes sont même allés jusqu’à remettre en question la représentation garantie des néerlandophones au Parlement bruxellois — c’est-à-dire les 17 sièges sur 89 qui leur sont légitimement dévolus.

Par cette démarche, le PS sape en réalité l’un des piliers du fédéralisme belge, cet équilibre qui, au niveau fédéral, compense l’existence de la représentation garantie bruxelloise par une surreprésentation des francophones. Pour illustrer ce mécanisme : avec 961 601 voix, le Vlaams Belang a obtenu 20 sièges, tandis que le MR n’en a obtenu que 20 également malgré ses 716 934 voix, nettement moins nombreuses. Si le PS entend jeter un pavé dans la mare communautaire à Bruxelles, il doit être conscient que cela aura aussi des répercussions au niveau fédéral. Le Vlaams Belang veillera à ce que ce soit bien le cas.

Le PS joue à Bruxelles à une véritable « stratégie du bras de fer», ce modèle de la théorie des jeux où celui qui cède en premier perd la partie imaginez deux voitures fonçant lune vers lautre: celui qui dévie le premier se retrouve dans le fossé. Le Parti socialiste mise sur le fait que limpasse bruxelloise poussera les autres partis à plier et à céder à ses diktats. Ce ne doit toutefois jamais être une option.

Le Vlaams Belang l’a d’ailleurs rappelé lors d’une action organisée le jour de la fête de l’Iris : les parlementaires et autres notables étaient invités à trinquer au succès de la Région bruxelloise. Nous leur avons remis un pamphlet renvoyant au site maffia.brussels, page régionale du PS, afin de symboliser la situation : le PS agit comme un parrain de mafia tout-puissant qui fait danser la région à son gré et prend les Bruxellois en otage. C’est douloureux pour les citoyens, mais céder serait un signal totalement erroné ; cela se retournerait d’abord contre les Bruxellois néerlandophones, et, à plus large échelle, contre tous ceux qui veulent un vrai changement. Le PS n’a pas apprécié cette action et a annoncé porter plainte.

Un fait saute aux yeux : lorsqu’on écoute aujourd’hui certains partis, on croirait qu’ils sont totalement innocents des responsabilités liées à la crise bruxelloise. Rien n’est moins vrai. Contrairement au récit actuel, la catastrophe bruxelloise n’est pas la conséquence de la lenteur de la formation gouvernementale ; la région fonce sur un iceberg depuis des années, et la collision était visible de loin.

– Insécurité et drogue ? Le problème existe depuis des années.

– Désastre financier ? Il n’est pas tombé du ciel, mais résulte de décennies de mauvaise gestion.

– Influence croissante de l’islamisme ? Il y a dix ans déjà, Bruxelles a été la cible et le théâtre de projets d’attentats.

– Saleté dans l’espace public ? Un vieux problème.

Quiconque passe en revue cette liste ne peut que constater que la crise actuelle se préparait depuis longtemps — et pas seulement à Bruxelles.

Si l’on se concentre sur la dernière décennie, on doit admettre que presque tous les partis qui s’accusent aujourd’hui mutuellement ont, d’une manière ou d’une autre, contribué au désastre qui frappe notre capitale. Au niveau fédéral, nous avons successivement connu les gouvernements :

  • Michel I (MR, Open VLD, N‑VA et CD&V)
  • De Croo (PS, Vooruit, MR, Open VLD, Ecolo, Groen et CD&V)
  • aujourd’hui De Wever (N‑VA, MR, Les Engagés, Vooruit et CD&V)

À Bruxelles, durant la même période, se sont succédé :

  • Vervoort I (PS, DéFI, cdH, Open VLD, sp.a, CD&V)
  • Vervoort II (PS, Ecolo, DéFI, Groen, Open VLD, Vooruit)

Ce serait faire injure à la vérité que de prétendre que les graines de la crise actuelle n’ont pas été semées et ( très largement) arrosées par le passé : saleté, bilinguisme, sécurité, immigration, budget, clientélisme… tous ces problèmes sont le fruit de choix politiques répétitifs.

Aujourd’hui, tous ces partis se tiennent au bord du quai, alertant sur le cap que prend la région, mais oubliant qu’ils ont, eux aussi, pendant des années, à la fois piloté la machine et tenu le gouvernail.

La seule formation qui a vu l’iceberg arriver, forcée de rester à quai, et qui n’a cessé de sonner l’alarme, c’est le Vlaams Belang. Le « Titanic » bruxellois, lui, a poursuivi sa course sans sourciller. Et demain encore, nous continuerons de porter la voix des Bruxellois de tous les jours au Parlement bruxellois : car tous les jeux politiciens et choix de politiques désastreuses se traduisent d’abord pour eux, pas depuis les tours d’ivoire des états-majors de parti.