Parlement européen: débuts hypocrites et antidémocratiques

01 Août 2024 | Nouvelles

Les premières réunions des commissions du nouveau Parlement européen ont lieu à Bruxelles. Lors de ces «réunions constitutives» de début de législature, chaque commission élit son président et ses vice-présidents, répartis proportionnellement entre les groupes politiques en fonction de leur importance numérique. Le résultat des urnes montre une progression considérable de la droite nationale et conservatrice, ce qui n’a pas l’heur de plaire aux sempiternels donneurs de leçons autoproclamés «défenseurs de la démocratie». Et comment s’y prennent-ils donc pour sauver la démocratie? En s’assoyant dessus… tout simplement. C’est ainsi qu’un accord entre les Verts, les socialistes (S&D), les libéraux (Renew) et même les chrétiens-démocrates (PPE) a fait en sorte que les représentants du troisième groupe le plus important de l’assemblée, les Patriotes pour l’Europe, auquel appartient le Vlaams Belang, ne puisse obtenir une série de fonctions au sein du parlement comme le règlement le prévoit. De cette manière, la seule vraie opposition est donc privée de sa fonction essentielle de contrôle en saine démocratie.

Lors de la législature précédente, sur base d’une clé de répartition dite «Système D’hondt», les Patriotes avaient obtenu la présidence des commissions de la Culture et des Transports, ainsi que huit vice-présidences de commissions, notamment dans les commissions de l’Agriculture, des Affaires étrangères, du Contrôle budgétaire et des Libertés civiles. Ces fonctions sont désormais reprises par d’autres groupes. Le Parlement européen est particulièrement hypocrite.

Selon le règlement intérieur du Parlement, la composition des organes directeurs doit refléter autant que possible l’équilibre des forces politiques en présence au sein du Parlement. Tout comme chaque citoyen est représenté proportionnellement en fonction des voix, la représentation proportionnelle est également nécessaire au Parlement lui-même, dans ses organes. Aujourd’hui, par le hold-up opéré, la majorité prive l’opposition de sa fonction de contrôle, ce qui met à mal l’ensemble du processus normal de la démocratie parlementaire, ce qui ajoute au sentiment grandissant que l’Union européenne devient de plus en plus une organisation autoritaire et même dictatoriale.  

Il est inquiétant que la majorité prive la minorité de ses droits. La démocratie signifie en principe que le peuple détient le pouvoir et que l’opposition est donc aussi importante que le gouvernement dans l’exercice de ladite démocratie. Le rétablissement de la démocratie, sous tous ses aspects, sera une tâche qui incombera aux futures majorités nationalistes, dans un temps qu’il faut espérer le plus proche possible, puisque les démocrates autoproclamés sont devenus des petits boutiquiers-dictateurs.