Coup dur pour le syndicat chrétien
«“Dégoûtant”, “profitariat”, “fraude sociale”: le départ du patron de la CSC Marc Leemans crée un tollé» titrait le site d’information 7sur7 ce mercredi 1er mars. Quel événement a bien pu inspirer ces titres vengeurs aux observateurs de la chose publique? Il s’agit du départ à la retraite de Marc Leemans qui aura été à la présidence de la CSC/ACV durant 12 ans. C’est un départ volontaire mais il sera licencié par le syndicat afin de pouvoir bénéficier par la suite du régime de chômage avec allocation d’entreprise (RCC). Cette information a fait l’effet d’une bombe, surtout en Flandre où on n’hésite pas à parler de fraude sociale.
Cette possibilité est comparable à une sorte d’allocation de chômage. Le problème est que pour en avoir le bénéfice, il faut être licencié par son employeur. Marc Leemans confirme qu’il sera donc licencié pour pouvoir bénéficier de ce système. Il explique au Het Laatste Nieuws sa façon de voir les choses: «Au sein de l’ACV, nous avons un arrangement selon lequel ceux qui remplissent les conditions, comme atteindre un certain âge et avoir une longue carrière, peuvent être mis au chômage avec complément d’entreprise. Je remplis les conditions puisque j’aurai 62 ans et une carrière de 40 ans derrière moi». Pour les spécialistes de ces questions et notamment les économistes, ce procédé est en porte à faux avec l’esprit du RCC. «Le chômage avec complément d’entreprise est censé être un filet de sécurité pour des travailleurs qui sont licenciés à un âge avancé, indépendamment de leur volonté, et non pour ceux qui font eux-mêmes le choix de s’arrêter. Sauf si l’employeur accepte, comme dans ce cas-ci, de faire contribuer la société», affirme le site 7sur7.
Stijn Baert, un économiste de l’Université de Gand bien connu dans les médias néerlandophones n’y va pas avec le dos de la cuiller: «Quelle bêtise de la part de l’ACV. Déjà à la base, je trouve que le système de RCC n’est pas bon, mais tant qu’il existe, c’est normal que les travailleurs licenciés y aient recours. Dans la pratique, il arrivera encore que des personnes acceptent de se faire licencier par un employeur. Le hic, c’est que les syndicats sont les premiers à le nier et à dire que personne ne choisit d’être au chômage. Marc Leemans démontre le contraire. C’est comme si vous mettiez le feu à votre maison et que vous demandiez ensuite à la compagnie d’assurance d’intervenir dans les coûts. Le syndicat va perdre beaucoup de crédibilité de cette manière. (…) La conclusion? Faites ce que je dis, pas ce que je fais».
Chaque véritable chômeur de ce pays appréciera la méthode.