Zone 30: combien de temps allons-nous encore subir?
22 Fév 2021 | Nouvelles
Depuis le 1er janvier 2021, la mise en zone 30 de la Région bruxelloise est un fait, à quelques exceptions près. Les raisons invoquées pour justifier cette mesure sont la diminution du nombre des victimes de la route, l’amélioration de la qualité de l’air et rendre la ville plus agréable à vivre. Dans la pratique, il s’agit de développer une batterie de mesures vexatoires afin de rendre la ville de moins en moins attractive.
«La zone 30 généralisée est essentiellement une mesure prise afin d’améliorer la sécurité routière et de diminuer le nombre d’accidents mortels», voilà l’explication officielle ventilée par Elke Van den Brandt (Groen) qui doit justifier sa politique. A 30 km/h on observe cinq fois moins d’accidents mortels qu’à 50 km/h, à condition bien sûr que les automobilistes respectent cette limitation de vitesse. Ces accidents mortels sont souvent causés par des chauffeurs qui circulent dans la ville à une vitesse anormalement grande et qui sont souvent sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. Ce sont ces éléments perturbateurs aux comportements asociaux qui doivent être prioritairement extraits de la circulation au lieu de pénaliser l’ensemble des automobilistes avec une zone 30 généralisée qui confine à l’absurde.
De plus, nous observons qu’il n’est aucunement fait allusion aux croisements dangereux où l’on dénombre un nombre anormalement élevé d’accidents. Sur les trente croisements dangereux identifiés en 2015, seuls 11 parmi eux ont été traités et améliorés. Ce n’est évidemment pas parce que l’on va tous rouler à 30 km/h qu’on dénombrera moins d’accidents mais bien en s’attaquant résolument aux situations dangereuses et en réparant la voie carrossable là où cela s’avère nécessaire.
Pollution de l’air
L’argument de la pollution de l’air est le Saint Graal des écologistes politiques qui leur permet d’imposer leurs mesures absurdes au Parlement bruxellois. Selon la ministre verte, une diminution de la vitesse maximum doit engendrer une meilleure qualité de l’air. Mais elle oublie de préciser que les voitures qui roulent à 30 km/h polluent considérablement plus que les voitures qui roulent à 50 km/h, cette pollution supplémentaire devrait être compensée par une diminution généralisée du trafic routier selon elle. C’est une façon indirecte de reconnaître que l’usager qui décide tout de même d’utiliser son véhicule personnel pour se déplacer sera financièrement pénalisé par des frais d’essence décuplés.
Remarquons qu’en ce qui concerne toute une série d’endroits à Bruxelles, la vitesse maximum de 30 km/h était déjà un fait en raison de l’engorgement et des files récurrentes. Nos concitoyens n’utilisent pas leurs voitures pour le plaisir de poireauter dans les files, mais bien souvent parce qu’il n’y a pas d’alternatives sérieuses à la voiture. Il manque des milliers de places de parking aux voies de pénétration de la Région, le réseau du RER est en souffrance depuis deux décennies et la mise en service de nouvelles lignes de tram semble nécessiter jusqu’à quinze années avant d’être finalisées (comme par exemple le tram 9 à Jette). La qualité de l’air et la présence massive des automobiles fonctionnent comme des vases communicants et une mesure symbolique comme l’imposition d’une zone généralisée à 30 km/h se révèle parfaitement inutile.
Contrôles
En revanche, Elke Van den Brandt n’a nullement oublié que des contrôles et des sanctions seront nécessaires dans le cadre de la zone 30. Le citoyen ordinaire pourra sans aucun doute sortir son portefeuille en 2021. 60 radars supplémentaires ont été commandés en plus des 90 qui sont déjà disséminés dans toute la région. Là où le tracé de la route permettait auparavant une circulation fluide, l’accent sera désormais mis sur la sanction des usagers de la route qui, intuitivement, ne conduisent pas à une vitesse aussi ridiculement basse. Les amendes associées à cette augmentation sont considérables:
VITESSE
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CORRECTION
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AMENDE
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46 km/h
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40 km/h
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53 EUR
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50 km/h
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44 km/h
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97 EUR
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55 km/h
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49 km/h
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152 EUR
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60 km/h
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54 km/h
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207 EUR
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>66 km/h
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60 km/h
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TRIBUNAL
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«L’argent des amendes est reversé au Fonds régional de sécurité routière en vue de mener des campagnes de sensibilisation, […] et il servira à l’achat de dispositifs de contrôle de vitesse», peut-on lire sur le site ville30.brussels. Certaines images expliquent de quels appareils il s’agit. Ainsi des automobilistes risquent de comparaître devant les tribunaux pour avoir été flashés avec un «radar poubelle», tandis que les «jeunes» brûlent des poubelles ici et là chaque mois dans la Région en toute impunité.
Pour tout le monde?
La brochure d’information de Bruxelles Mobilité, distribuée à la fin de l’année dernière, est très clairement intitulée: «tout le monde doit respecter la limite de vitesse». Les voitures, les bus, les vélos et les scooters, que ce soit sur les pistes cyclables séparées ou sur les sites propres des transports publics, tout le monde est à la même enseigne.
D’abord et avant tout, il est peu probable que la ministre verte fasse condamner des cyclistes à une amende pour excès de vitesse sur des pistes cyclables séparées. Il est assez clair que ce sont les voitures et les cyclomoteurs qui sont particulièrement visés ici. Les bus de la STIB sont également soumis à la zone 30, y compris lorsqu’ils circulent sur leurs sites propres. En d’autres termes, on a investi pendant des années dans les infrastructures en vue d’augmenter la vitesse moyenne de déplacement des bus, et maintenant on les limite artificiellement. Peut-on imaginer politique plus absurde? Enfin, la mise en place de la zone 30 a également un coût: 2,7 millions d’euros pour adapter l’infrastructure, y compris l’achat de centaines de panneaux routiers. La rue de la Loi ressemble maintenant à une salle d’exposition de panneaux de signalisation qui sème la confusion dans les esprits des usagers normaux de la voie publique.
Chaos
Le Vlaams Belang sait déjà que de nombreux conflits de circulation vont se révéler: des tramways qui sont exceptionnellement autorisés à rouler à 50 km/h, des automobilistes qui regardent davantage leur tableau de bord par peur d’une amende, le lobby des cyclistes qui a réussi à faire transformer les routes en pistes cyclables à parfois deux bandes (!?) et des piétons qui pensent naïvement que leur sécurité est désormais pleinement garantie. Il semble également y avoir beaucoup de confusion lorsque les communes oublient de supprimer les panneaux de signalisation anciens. C’est une mauvaise plaisanterie qui peut coûter des centaines d’euros à l’automobiliste trop confiant. De nombreux indépendants comme des électriciens et des plombiers de la périphérie flamande ont également indiqué qu’ils ne travailleraient plus à Bruxelles en raison de la zone 30 et de la zone à émissions faibles qui les pénalise financièrement. Une zone 30 n’est pertinente que lorsqu’elle est soutenue par ceux qui doivent la respecter. C’est un paramètre élémentaire de la science politique qui semble être superbement ignorée par la ministre verte Elke Van den Brandt.
Harcèlement gratuit
La zone 30 généralisée n’est certainement pas la dernière des vexations que nous devrons supporter jusqu’en 2024. Lors du premier confinement, Elke Van den Brandt avait créé des pistes cyclables dites «temporaires» qui sont toujours là jusqu’à nouvel ordre. Le bois de la Cambre et ses importants axes routiers ont également été fermés en catimini. A partir de l’année prochaine, les navetteurs seront probablement astreints à payer une taxe pour avoir le droit de conduire à Bruxelles. Les quelques parkings périphériques sont déjà payants ou le deviendront bientôt. Elke Van den Brandt rêve déjà d’une taxe kilométrique sur le ring de Bruxelles (R0). La zone à faibles émissions interdit de plus en plus de véhicules de circuler à Bruxelles, ce qui pénalise de nombreux usagers âgés et encore plus d’artisans. A terme, le dernier plan de mobilité prescrira l’introduction d’une «assistance intelligente à la vitesse», afin que les conducteurs ne puissent plus dépasser la limite de vitesse indiquée sur les panneaux de signalisation. Pour paraphraser Churchill, un rideau vert est tombé sur Bruxelles, une dictature verte qui abuse de beaux principes et de nobles objectifs pour que toute une ville courbe l’échine devant le héros cycliste. Quiconque n’est pas convaincu de la pertinence d’une telle politique doit le ressentir dans son portefeuille. La question est de savoir combien de temps nous allons encore supporter cela …